A qui profite la 13e rente AVS?
En Suisse, pays où les prix sont élevés, les personnes qui doivent vivre seules avec l'AVS ont une situation financière difficile. Le 3 mars, la Suisse votera donc sur une 13e rente AVS. Si l'initiative est acceptée, cela entraînera une augmentation des rentes AVS de 8.3%. Le texte de l'initiative ne précise toutefois pas comment cette augmentation sera financée.
Les rentes AVS sont des dépenses sociales et représentent une part importante des dépenses publiques liées. Toute augmentation des dépenses publiques doit être financée d'une manière ou d'une autre, soit par une augmentation des impôts et des coûts non salariaux, soit par une augmentation de la dette publique. Or, une augmentation de la dette publique fait augmenter la charge d'intérêts future de l'État et, tel un boomerang, aboutit au même résultat, soit à
- Des impôts et des taxes plus élevés à l'avenir,
- Une réduction des prestations de l'État (par exemple, moins de rentes AVS pour les générations futures), ou bien
- Une monétisation de la dette publique par la Banque nationale, c'est-à-dire que la Banque nationale achète davantage d'obligations d'État.
La troisième possibilité semble à première vue indolore, mais elle conduit au final à une inflation plus élevée ("L'inflation est toujours et partout un phénomène monétaire", Milton Friedman). Elle n'est rien d'autre qu'un impôt indirect, par exemple elle dévalue nos réserves AVS et les avoirs des caisses de pension. Mais elle a un effet différé, ce qui la rend si séduisante pour les politiciens.
Revenons à l'initiative pour l'augmentation des rentes AVS. En Suisse, nous avons un mélange de prévoyance vieillesse imposée par l'État (AVS, deuxième pilier) et de prévoyance vieillesse relevant de la responsabilité individuelle (Pilier 3a, prévoyance libre). Cette initiative pose donc la question suivante: quelle doit être la part de l'État? Où se situe l'optimum?
Maximiser les recettes fiscales
Lors d'un dîner avec des hommes politiques américains, l'économiste Arthur Laffer avait dessiné en 1974 une simple courbe sur une serviette de table, qui porte depuis son nom:
L'idée est la suivante: Avec un taux d'imposition de 0%, il n'y a pas de recettes fiscales pour l'État – logique. Avec un taux d'imposition de 100%, les gens perdent l'incitation à travailler ou trouvent des moyens de ne pas payer d'impôts. En d'autres termes, à un taux d'imposition de 100%, les recettes fiscales tombent également à zéro. Par conséquent, il existe un maximum de recettes fiscales quelque part entre les deux.
Du point de vue de l'État, il existe donc une quote-part de l'État optimale pour obtenir le maximum d'impôts. La quote-part de l'État ne comprend pas seulement les impôts, mais aussi tous les autres prélèvements, et si l'on y regarde de plus près, il faudrait également y ajouter les subventions publiques cachées, comme les garanties d'État et l'inflation.
Personne ne sait exactement à quoi ressemble la courbe, mais on estime que l'optimum se situe plutôt autour d'une quote-part de l'Etat de 70%. C'est-à-dire quelque chose comme ça:
Maximiser le bien commun
Mais l'objectif de l'État peut-il être de maximiser ses recettes fiscales? Dans ce cas, l'État se comporte comme une entreprise qui cherche à maximiser son chiffre d'affaires.
En d'autres termes, à quel taux de l'État maximisons-nous notre bien commun? En maximisant les recettes fiscales? Ou au produit intérieur brut (PIB) maximal par habitant? Ou quelque part entre les deux?
Il devient donc intéressant de dessiner le PIB à côté de la courbe de Laffer (car recettes fiscales = quote-part de l'État * PIB, donc PIB = recettes fiscales / quote-part de l'État):
Sans recettes fiscales, l'État ne peut pas remplir ses fonctions de base telles que la législation, l'administration de la justice, la sécurité et la défense, c'est pourquoi il n'y a probablement pas de PIB sans recettes fiscales.
Cela signifie que la courbe du PIB a également un optimum, mais que celui-ci se situe naturellement à une quote-part de l'État inférieure à l'optimum des recettes de l'État. Supposons qu'un PIB maximal soit atteint avec une quote-part de l'État de 30%.
Si la quote-part de l'Etat effective se situe entre ces deux points (ce qui est probablement le cas pour la Suisse), disons entre 30% et 70%, une augmentation de la quote-part de l'Etat entraîne certes une augmentation des recettes fiscales, mais aussi une diminution du PIB moyen par habitant. D'une part, il y a donc plus de redistribution, mais d'autre part, moins de revenu par habitant. Mais comme les revenus sont répartis différemment, la question de la quote-part de l'État optimale reste une question d'idéologie et d'orientation sociopolitique. Il n'y a pas de bonne solution objective ici.
La Suisse a une quote-part de l'État faible par rapport à d'autres pays européens, mais elle a doublé au cours des dernières décennies. Pour un État sain, la partie privée de l'économie ne doit toutefois pas être supplantée par l'État. Les possibilités d'épanouissement économique et individuel sont une condition préalable à la prospérité de la société.
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